Veille Construction, habitat, immobilier : Etudes sur le logement de mars 2020
 

Etudes et rapports

"Devenir adulte : quel effet sur les ressources ? Montant et composition des ressources des 18-24 ans à partir de l’enquête nationale sur les ressources des jeunes (ENRJ)"
Mickaël Portela et Émilie Raynaud, DREES, Les dossiers de la DREES n° 48, insee.fr, janvier 2020
Résumé : "Ce dossier de la DREES propose une analyse descriptive de la composition des ressources des jeunes de 18 à 24 ans, à partir de l’enquête nationale sur les ressources des jeunes 2014 (ENRJ 2014, DREESINSEE), autour des trois types de ressources : les revenus issus de la sphère domestique, les revenus du travail et ceux provenant des transferts sociaux.[…] En France, les jeunes de 18 à 24 ans reçoivent en propre 770 euros en moyenne par mois fin 2014, issus du travail, des transferts et aides des familles, et de l’aide sociale publique. . Entre 18 et 24 ans, le montant moyen reçu augmente fortement, passant de 430 euros à 1 120 euros. La composition des ressources des jeunes évolue assez linéairement entre ces deux âges, avec notamment une substitution progressive entre les ressources issues du travail et celles issues de la famille. La sphère du travail prend une place de plus en plus importante. Elle représente 29 % des ressources à 18 ans et 77 % à 24 ans. À l’inverse, l’aide financière régulière des parents se restreint, passant de 53 % de l’ensemble des ressources à 18 ans à 7 % à 24 ans. Mais au-delà de l’âge, ce sont les déterminants du passage à l’âge adulte, notamment les décohabitations et l’entrée sur le marché du travail, qui semblent conditionner à la fois le montant et la composition des ressources des jeunes. Ainsi pour les jeunes en études, la principale ressource est toujours l’aide parentale, pour ceux en emploi ce sont les salaires issus de leur travail, et pour les jeunes au chômage ou inactifs, la solidarité publique joue son rôle d’apporteur de ressources. Le fait de vivre chez ses parents fait en revanche particulièrement varier le montant global moyen de ressources notamment pour les jeunes en études, au chômage ou inactifs. Les ressources dont ils disposent en propre varient du simple à plus du double, par exemple, pour les jeunes en études, de 360 euros pour les cohabitants à 820 euros par mois pour ceux qui ont un logement autonome. […] Un jeune sur deux a reçu le soutien de ses parents pour trouver son premier logement autonome."
Lien : http://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/117446/1/dossiers_48.pdf

"La pauvreté des enfants à la naissance en France. Résultats de l’enquête Elfe"
Bárbara Castillo Rico, AMSE - Aix-Marseille Sciences Economiques ; Marion Leturcq, Banque de France ; Lidia Panico, INED - Institut national d’études démographiques, Revue des politiques sociales et familiales n° 131-132 – 2e et 3e trimestres 2019, Caisse nationale des allocations familiales, caf.fr, 86 p., Soumis le 7 février 2020, dernière modification le jeudi 5 mars 2020
Cet article présente une description multidimensionnelle de la pauvreté des enfants en France, au moment de leur naissance et au cours de leur première année de vie. Plus précisément, il s’appuie sur deux principales mesures de pauvreté : la pauvreté monétaire et la pauvreté en conditions de vie (et de logement). L’approche généralement utilisée pour mesurer la pauvreté des adultes est ainsi appliquée aux jeunes enfants, ce qui permet de prendre en compte leurs besoins spécifiques. Diverses techniques de régression ont été mobilisées afin de mettre en évidence les groupes de population les plus vulnérables à la pauvreté monétaire et à la pauvreté en conditions de vie dans ses différentes dimensions.[…] Dans l’ensemble, les résultats suggèrent que la pauvreté financière et la pauvreté en conditions de vie au cours des premières années de vie sont des concepts à multiples facettes qui ne touchent pas tous les groupes de population de la même manière, ce qui exige, de la part des politiques publiques, qu’elles n’adoptent pas une approche « universelle » pour combattre la pauvreté des enfants."
http://www.caf.fr/sites/default/files/cnaf/Documents/Dser/PSF/131-132/RPSF131_132_P1_BCastilloRico_MLeturcq_LPanico.pdf
Lien archives ouvertes :
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02470632

"Quartiers prioritaires de la MEL (Métropole européenne de Lille). Regard des habitants sur leur cadre de vie"
Flash Insee Hauts de France N° 91 Fevrier 2020, insee.fr, 2 p.
Plus de 207 000 personnes vivent dans les 26 quartiers prioritaires de la politique de la ville de la Métropole européenne de Lille. Moins diplômées comparées aux habitants de la MEL, elles s’insèrent plus difficilement sur le marché du travail et ont un revenu disponible plus faible. En outre, elles jugent leur cadre de vie plutôt précaire : mauvaise qualité du logement, difficultés à payer loyers et charges ou encore sentiment d’insécurité dans le quartier.
http://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/118845/1/np_inf_91.pdf

Recherche

"État des connaissances sur la vente de logements sociaux en Europe (Allemagne, France, Pays-Bas et Royaume-Uni)"
Matthieu Gimat, Bruno Marot, Manon Le Bon-Vuylsteke, Institut CDC pour la recherche ; Union sociale pour l’habitat (USH), 16 janvier 2020, soumis le 14 février 2020 comme nous le montrons tout au long de ce rapport, les bilans sont mitigés : quand les logements sociaux sont vendus à l’unité à des ménages, ils constituent un atout certain pour la première génération d’acquéreurs, mais cessent ensuite de jouer un rôle social au sein des marchés. Quand ils sont vendus en bloc à des investisseurs, ils permettent de récupérer rapidement des sommes conséquentes, mais deviennent gérés selon des critères de rentabilité à court ou moyen terme. Dans les deux cas, la vente n’a pas toujours permis de maintenir des niveaux de production élevés de logements sociaux neufs et a contribué à l’ accentuation d es inégalités d’accès au logement. Les travaux de recherche mettent aussi en évidence le fait que les conséquences de la vente se mesurent sur le long terme et s’insèrent dans la complexité du fonctionnement des systèmes nationaux d’aide au logement : par exemple, au Royaume-Uni, plus d’un tiers des logements sociaux vendus sont dorénavant loués sur le marché locatif dit « libre ».Leurs locataires touchent des aides au logement et la dépense en aides individuelles au profit de ces locataires dépasse chaque année, depuis les années 2000, les volumes financiers récupérés grâce aux ventes. Ainsi, il apparait que les débats récents sur la vente Hlm en France arrivent à contretemps : ils se déroulent alors qu’ailleurs en Europe, on interrompt définitivement les politiques de vente de logements sociaux (par exemple en Ecosse et au Pays de Galles) ou on cherche à les inverser, la puissance publique rachetant les logements sociaux qu’elle a vendu par le passé (par exemple en Angleterre et en Allemagne). Ces constats doivent cependant être considérés avec prudence. En effet, les contextes socioéconomiques varient d’un pays à l’autre. Il en est de même pour les politiques du logement, et du logement social en particulier, qui aboutissent à des parcs immobiliers différenciés aussi bien dans leurs caractéristiques physiques que dans leur occupation. Les politiques de vente elles - mêmes prennent des formes différentes, parce qu’elles sont optionnelles ou obligatoires, parce qu’elles bénéficient à des personnes physiques ou morales, ou encore parce qu’elles prévoient ou non des prix de vente décotés. Les exemples européens peuvent donc avant tout permettre d’identifier des ressources théoriques et méthodologiques, mais aussi d’établir des hypothèses de travail, qui devront pouvoir faire l’objet de nouvelles enquêtes empiriques.
Consulter le rapport de recherche, 204 p. : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02479827

"Une architecture de promoteur pour le logement social : la Véfa HLM"
Anne-Laure Hincker Jourdheuil, compte-rendu de thèse, journals.openedition.org, 3 mars 2020
C’est à l’examen d’une des modalités de plus en plus fréquentes de production du logement social que se livre Anne-Laure Hincker Jourdheuil dans sa thèse soutenue à l’université Paris X Nanterre en juillet 2019 : Une architecture de promoteur pour le logement social : la Véfa HLM.
Consulter le compte-rendu de thèse : https://journals.openedition.org/craup/3144

"Patrimonialisations, territorialisations et mobilisations dans la banlieue rouge : Plaine Commune et le patrimoine de banlieue"
G Djament - L’Espace Politique. 38 | 2019-2, Revue en ligne, 2020 - journals.openedition.org, , mis en ligne le 28 février 2020
A partir du cas de Plaine Commune, étudié sur la base d’un dépouillement du fonds Soucheyre des archives municipales de Saint-Denis et d’entretiens semi-directifs, l’article cherche à cerner les reconfigurations des relations entre territorialisation, mobilisations et patrimonialisation en banlieue rouge. Tandis que la banlieue rouge se caractérise historiquement par l’association entre territorialisation et mobilisations et par une patrimonialisation limitée, l’article retrace l’invention d’une politique patrimoniale par le deuxième âge du communisme municipal, en interaction avec la lutte contre les restructurations industrielles et avec la diffusion en banlieue de la nouvelle muséologie. Puis il présente la promotion d’un « patrimoine de banlieue » par les communistes « réformateurs » à la tête de l’intercommunalité et par des associations/institutions locales comme une hybridation des politiques sociales, patrimoniales et touristique répondant à la remise en cause du système territorial de la banlieue rouge dans la nouvelle étape du capitalisme. L’article montre enfin que la banlieue rouge est aujourd’hui le théâtre de mobilisations patrimoniales territorialisées qui visent à s’approprier et à transmettre l’usage commun du patrimoine industriel et le modèle généraliste du logement social. In fine, l’article montre que la banlieue constitue un observatoire de nouveaux régimes patrimoniaux alternatifs (il propose notamment l’hypothèse théorique de la patrimonialisation par appropriation territoriale, à prolonger par la comparaison avec d’autres expériences patrimoniales, par exemple en banlieue parisienne ou lyonnaise), porteurs de différentes formes de résistances et d’alternatives populaires à la métropolisation et assurent la transmission d’un modèle social.
https://journals.openedition.org/espacepolitique/6726

"Rompre la spirale d’enfermement des pauvres. Un défi de participation citoyenne"
M Abrous, ML Derrien - Empan, 2020 - cairn.info
Les personnes qui vivent des minima sociaux n’aspirent pas seulement à des conditions plus dignes d’existence, elles souffrent de la stigmatisation, des préjugés et discriminations, d’une image négative, comme inemployables, non autonomes. Le présent article a pour ambition première de suggérer des leviers de sortie de l’aide sociale. Une meilleure connaissance des atouts de la population, un décloisonnement des politiques publiques sectorielles permettraient enfin de tourner le dos à une approche par publics et par étapes qui domine le champ de l’insertion depuis près de trente ans et enferme les pauvres.
Le premier levier est de reconsidérer la population, explorer le registre de ses savoirs – plus ou moins certifiés par des diplômes – encore méconnus ou dévalorisés par une vision misérabiliste de la population. En second lieu, la priorité serait de les promouvoir comme autant de compétences en termes d’employabilité, de gestion locative – enjeu de la sortie des dispositifs d’assistance et d’hébergements souvent indignes. De sortir de la dépendance. Manière de tordre le coup aux préjugés qui pèsent sur les bas revenus. Cela revient à créer un véritable service public de l’insertion à la hauteur des souhaits des exclus  : accéder aux droits sociaux fondamentaux, à un logement de droit commun plutôt qu’un hébergement, à un emploi plutôt qu’une mise en attente sur un stage aux débouchés aléatoires. Mais aussi soutenir les créateurs de sociétés, les artistes, les bénévoles, acteurs du lien social territorial… Ce nouveau service public ne peut émerger que si le vieux système actuel de l’aide sociale et de l’insertion, usé, onéreux, enfermant, basé sur une approche par publics cibles réorientés de services en services, en marge de la citoyenneté, est démantelé par une remise en cause des fondements du système, des freins de l’insertion, freins culturels, politiques, financiers.
https://www.cairn.info/revue-empan-2020-1-page-130.htm#