Parent isolé recherche appartement : discriminations dans l’accès au logement et configurations familiales à Paris
Laetitia Challe, Julie Le Gallo, Yannick L’horty, Loïc Du Parquet, Pascale Petit, juillet 2021
« Malgré le développement des travaux sur les discriminations, aucune étude n’a encore exploré le rôle de la situation de famille dans l’accès au logement en France. D’éventuelles discriminations peuvent avoir des conséquences très pénalisantes sur les parcours de vie. Cet article présente les résultats d’un test de correspondance par paire, ou testing, sur le parc locatif privé parisien particulièrement tendu et où les parents isolés sont très présents. Entre décembre 2017 et fin mars 2018, 4 messages sollicitant la visite d’un appartement ont été envoyés en réponse à 791 annonces immobilières, soit 3 164 envois de messages. L’un des individus fictifs signale être en couple avec deux enfants, les trois autres (un homme et deux femmes) sont des parents isolés. L’étude consiste à exploiter statistiquement les réponses à ces messages. Cet article montre que des discriminations à l’encontre des mères isolées existent dans l’accès au logement locatif à Paris. La femme seule avec enfants est discriminée relativement au couple avec enfant dans certains cas particuliers, notamment dans l’accès à des appartements de grande taille (3-4 pièces). Une des explications possibles est à rechercher dans le statut de femme seule avec enfants qui peut être associé par les offreurs de logement à un risque d’instabilité financière, pénalisant ainsi les familles monoparentales dans l’accès à ce type de logement. »
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Le "changement de paradigme" du Logement d’abord au prisme de la réception par ses publics
Louis Bourgois, Gabriel Uribelarrea, Benjamin Vial , Julien Lévy, juillet 2021
« Le Logement d’abord est présenté par ses promoteurs comme un "changement de paradigme" dans le traitement du sans-abrisme en France, en Europe et dans le monde (Tsemberis, Gulcur et Nakae, 2004 ; Pleace, 2013 ; Padgett, Henwood et Tsemberis, 2015). D’un modèle qualifié « d’escalier » composé d’un ensemble d’étapes avant l’accès potentiel à un logement, cette approche défend un accès direct à celui-ci, vu comme une précondition de tout accompagnement social (Sahlin, 1997, 2005 ; Busch-Geertsema et al., 2010 ; Busch-Geertsema, 2013). Le déploiement actuel de l’approche en France, bouleverse-t-il réellement les modalités et principes de l’accompagnement des personnes sans-abri ou mal logées ? Les personnes elles -mêmes perçoivent-elles une rupture dans les prestations et les services qui leur sont proposés ? Cette communication propose de venir interroger cette politique publique, et ses effets, à partir du point de vue des personnes elles-mêmes, dans une perspective de sociologie de la réception des politiques publiques (Revillard, 2018). Elle se base sur une recherche en cours à Lyon et Grenoble (2019-2022) portant sur la mise en œuvre de l’approche Logement d’abord. L’enquête consiste en un suivi de cohorte d’environ 40 personnes sur chaque territoire, ayant accédé à un logement au cours d’un parcours marqué par le mal-logement, la précarité et le non-recours aux droits : personnes sans-abri, personnes sortantes d’institutions (prison, hôpitaux psychiatriques, institutions de protection de l’enfance), personnes en risque d’expulsion locative. Les premiers résultats portent sur les parcours des personnes avant leur accès aux dispositifs, sur leurs impressions et expériences au moment de l’entrée dans le logement et dans les semaines qui suivent. Ils mettent en lumière le changement perçu dans le rythme de l’accompagnement et dans l’efficacité en matière d’accès rapide au logement. Mais d’autres éléments démontrent d’importantes permanences, une forte « dépendance au sentier » (Palier, 2019) en matière d’autonomie décisionnelle, de poids des institutions, et du manque d’accompagnement au sein du logement. »
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Real Estate and Rental Markets during Covid Times
Bertrand Achou, Hippolyte d’Albis, Eleni Iliopulos, mai 2021
« In this work we introduce a general equilibrium model with landlords, indebted owner-occupiers and renters to study housing markets’ dynamics. We estimate it by using standard Bayesian methods and match the US data of the last decades. This framework is particularly suited to explain current trends on housing markets. We highlight the crucial relationship between interest rates, house prices and rents, and argue that it helps understanding the main driving forces. Our analysis suggests that current developments on housing markets can play a role for a recovery from the Covid pandemic as they have an expansionary effect on aggregate output. Moreover, we account for the heterogeneous impact of crisis-induced policies depending on agents’ status on the housing market. We show how, despite an increase in housing prices, the welfare of landlords has been negatively hit. This is associated to the joint decrease in returns on housing and financial assets that reduces their financial incomes. »
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Privatization of large housing estates in France : towards spatial and residential fragmentation.
C.Lelévrier, Journal of Housing and the Built Environment (2021)
« This paper explores the spatial and residential impact of social-mix and urban renewal policies in large French social housing estates. »
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Le viager en France : un dispositif au service du développement des territoires vieillissants ?
J.-B. Coulomb, R. Languillon-Aussel, A. Simon, Juin 2021 [Source : Veille connaissance sur le logement n°9]
Le marché du viager est à la fois relativement réduit et spatialement très concentré – Paris en représente le tiers. Pourtant, cet article rappelle que la richesse immobilière résidentielle détenue par les retraités est estimée à environ 1 000 milliards d’euros en France, et situé en grande partie en zone rurale. Les auteurs estiment que la rentabilité des opérations en viager est positive dans la plupart des départements, et peut parfois dépasser les 10 %. Ils mettent ainsi en lumière un potentiel paradoxalement sous-exploité de ce dispositif, qui pourrait constituer un levier dans une perspective de développement patrimonial des espaces ruraux.
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Better Alone? Evidence on the Costs of Intermunicipal Cooperation
C. Tricaud, Mai 2021 [Source : Veille connaissance sur le logement n°9]
« Quelles sont les conséquences locales de la coopération intercommunale, notamment en termes de construction de logements ? Cet article analyse les effets de la réforme de 2010 obligeant près de 1 800 communes à entrer dans une intercommunalité. Les résultats montrent d’abord que ces communes ont connu une forte augmentation de la construction de logements après leur intégration dans un EPCI, en particulier dans les zones urbaines où les besoins en logements sont élevés et où les résidents sont susceptibles de s’opposer à de nouvelles constructions. Dans les communes rurales, l’intégration a été suivie d’une baisse d’accès à des services publics locaux. Seules les communes obligées par l’Etat à s’intégrer dans un EPCI ont été confrontées à ces conséquences, et les mêmes effets ne s’observent pas pour celles ayant volontairement choisi de le faire. Pourtant, les deux groupes de communes ont bénéficié des mêmes avantages de l’intégration, notamment des recettes fiscales plus élevées. Ces résultats suggèrent que les communes réticentes n’avaient pas résisté à la coopération intercommunale par peur d’avantages moindres, mais pour éviter des désavantages associés à l’intégration dans un EPCI. Pour les communes urbaines, l’analyse suggère que ces désavantages perçus incluaient notamment la construction de logements neufs. »
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From the uneven de-diversification of local financial resources to planning policies : the residentialization hypothesis
A Grandclement, G. Boulay, Mai 2021 [Source : Veille connaissance sur le logement n°9]
« Cette étude explore les liens entre l’économie résidentielle (ou économie de la consommation, par rapport à l’économie productive), les finances publiques locales, et l’aménagement du territoire. A partir des données fiscales des communes françaises entre 2002 et 2016, les auteurs montrent qu’en France, la baisse des transferts de l’État a été associée à une augmentation de la part des taxes « résidentielles » dans les recettes fiscales des collectivités territoriales. Cette dynamique agrégée est variable selon les territoires. L’article distingue ainsi plusieurs catégories de communes avec des dynamiques différentes en termes de recettes fiscales, et fait le lien avec les dynamiques démographiques et économiques de ces territoires. Les auteurs font ensuite l’hypothèse que cette dépendance croissante des finances locales aux recettes fiscales tirées de la fonction résidentielle est susceptible de faire pencher à terme les politiques locales d’aménagement en faveur de l’urbanisation résidentielle. »
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Parution de thèses
Les « grands exclus » : une catégorie d’exceptions. Évolutions du traitement politique des sans-abri chroniques en France depuis les années 1980
Julien Lévy, PACTE - Pacte, Laboratoire de sciences sociales, Université Grenoble Alpes, soumis le 8 juin 2021
Résumé : « Cette thèse s’intéresse à un « public » particulier parmi les sans-abri : les « grands exclus ». Cette catégorie regroupe généralement les sans-abri dits « chroniques », considérés comme « les plus en difficulté » ou les « plus désocialisés ». En adoptant une perspective historique et multi-située, la thèse propose une socio-genèse de cette catégorie depuis les années 1980 et la façon dont elle s’inscrit dans le cadre des politiques sociales de prise en charge des sans-abri. Ceci permet de voir comment la question des « grands exclus » ou des « sans-abri chroniques » constitue un problème spécifique qui conduit à la production d’une réponse sociale généralement spécifique et dérogatoire. Ceci s’observe dans le temps et à tous les niveaux de la production et de la mise en œuvre des politiques publiques. L’analyse par le non-recours montre que la question du non-recours est consubstantielle de la catégorie des « grands exclus ». Dès son origine, c’est la question de l’éloignement et du refus de l’offre, envisagée et expliquée sous l’angle individuel et psychopathologique, qui participe à cadrer le problème social de cette population. Par la suite, l’échec du développement des politiques de l’urgence pour remédier à leur situation va penser cette catégorie sous l’angle des logiques d’éviction dont les « grands exclus » seraient victimes, complexifiant la compréhension de la non-demande qui s’expliquerait aussi par les conditions et principes de l’offre sociale. Mais en fin de compte, ces formes de non-recours sont observables au cours de la consolidation de cette catégorie, de sa genèse à aujourd’hui. L’analyse à l’échelle des territoires montre que l’organisation de l’offre, admettant en définitive l’inadaptation de la plupart des dispositifs d’hébergement sociaux à formuler une réponse à ce public, conduit à un non-recours par non-proposition structurel reléguant les « grands exclus » vers une « filière » spécifique de l’offre d’hébergement. Ce constat pourrait conduire à rejoindre les conclusions déjà anciennes, sur le caractère dualiste de la prise en charge des sans-abri, reléguant les sans-abri jugés non-réinsérables vers des solutions de mise à l’abri ponctuelles à la frontière du social et de l’humanitaire. Pourtant, une offre d’hébergement de long terme, marginale, existe et propose des conditions d’accueil jugées plus dignes par les personnes. Si l’existence de cette offre permet de discuter la lecture dualiste de la prise en charge, la thèse montre toutefois que pour ce public, la question de l’exercice du choix se joue en définitive dans un espace particulièrement circonscrit de l’offre sociale, à l’écart du droit, et avec une latitude décisionnelle faible. »
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La régulation de la coproduction publique et privée du projet d’urbanisme à dominante résidentielle
Antoine Pauchon, LAB’URBA, juin 2021
Résumé :« Cette thèse porte sur la régulation de la coproduction publique et privée du projet d’urbanisme à dominante résidentielle. Elle mobilise les cadres d’analyse issus des théories de l’action collective organisée et de la régulation sociale. La coproduction du projet est entendue comme l’activité collective de transformation de l’espace dans le cadre de projets d’urbanisme, visant ici à produire principalement des logements. Les acteurs investigués sont ici les acteurs publics locaux et les promoteurs immobiliers et notamment les situations dans lesquelles ils interagissent. La régulation est abordée comme l’activité collective de définition et de mise en œuvre des règles qui permettent l’action collective, comme les projets d’urbanisme étudiés. À travers trois cas d’études choisis pour leurs caractéristiques contrastées – le Grand Parc à Bondoufle, les Bassins à flot à Bordeaux et le Quartier Camille Claudel à Palaiseau – la thèse montre comment les acteurs impliqués, qu’ils soient les acteurs publics locaux ou les promoteurs immobiliers, jouent avec les règles, tant celles définis a priori par la planification et par les instruments d’urbanisme mobilisés que celles élaborées dans le cadre de dispositifs ad hoc, créés localement face à des enjeux singuliers. La thèse met en évidence que la régulation porte sur trois points névralgiques de la coproduction : l’action foncière, la programmation des logements et la conception architecturale et urbaine. Les résultats portent sur les mutations de la régulation dans la coproduction publique et privée des projets : hétérogénéité entre les contextes, hybridation des ressorts de la régulation alors que le rôle des règles coercitives recule au profit de règles négociées dans l’action et émergence d’une capacité d’autorégulation de la part des promoteurs immobiliers qui interviennent dans ces projets »
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